Un, deux, trois, quatre, quel est  le nombre magique?

Par Dale Bletso;

Traduit par Jean Michel Urbani;

Le nombre magique de sensors de PPO2 dans le circuit d’un recycleur à circuit fermé manuel (MCCR) a déclenché une controverse sur la toile. Le nombre de sensors dépend de plusieurs facteurs dont des facteurs de choix personnel.  Je vais essayer de passer en revue les différents cas de défaillance, et vous pourrez déterminer si l’ajout d’un troisième sensor est nécessaire ou non.

D’abord quelques principes de base bases.

Sur les recycleurs semi fermés, l'oxymètre a toujours été proposé comme une option et non comme une obligation.

J’ai toujours déclaré qu’un oxymètre est essentiel avec n’importe quel recycleur.  Sur un semi fermé c’est une sorte d’équipement de rattrapage.  Après avoir plongé en semi fermé pendant un moment, la plupart des plongeurs sont capables d’entendre le petit sifflement de l'injecteur de gaz et l’éjection des bulles.  Si l'un ou l'autre de ces indicateurs est absent, la PPO2 peut être vérifiée au moyen de l'oxymètre.

La plupart des semi fermés deviennent plus silencieux plus profond, et se reposer sur un oxymètre devient nécessaire.  Il y a eu des cas d’obturation partielle des orifices au fond malgré un test positif des vérifications pré-plongée (check list).  A mon avis, un oxy-mètre est une obligation pour un recycleur semi fermé.  Deux ne prêteraient rien de plus au système dans la mesure où l'oxymètre est une fonction secondaire sur les circuit semi fermés où l'écoute des bulles est le moyen principal de contrôler la PPO2.

Dans un système électroniquement contrôlés (ECCR), trois sensors sont la norme dans la mesure où le plongeur est principalement étranger au contrôle du circuit.  La PPO2 est lue par l’électronique, et un système de vote logique contrôle l’ajout de l’oxygène nécessaire dans le système.   Le plongeur choisit les « set points » pour l’ajout d’oxygène dans le circuit pour maintenir une PPO2 constante.  Quand c’est nécessaire l’oxygène est ajouté, une valve solénoïde est activée,  l’O2 est ajouté, quant le « set point »  est atteint la solénoïde est désactivé.  La PPO2 est conservée relativement constante sans l’intervention du plongeur.  La plupart des systèmes avertissent le plongeur en cas de problème dans le système de vote logique.  Le problème avec ces systèmes est que l’électronique peut être bugé en position « tout est OK » et commencer à ajouter de l’O2. Le plongeur peut n’en avoir aucune idée jusqu’à ce que le problème devienne critique  (si de l’humidité provoque une erreur de PPO2 sur tous les sensors, le système va ajouter l'O2 pour ramener la concentration au niveau requis), cela peut devenir hautement  critique sans que le plongeur le sache.

Ces systèmes sont compliqués et nécessitent une attention inconsciente pour discerner un problème potentiel (est-ce que la solénoïde déclenche trop souvent ou pas assez).         

Sur  un circuit fermé manuel (MCCR), comme sur un système électronique (ECCR), il n’y a pas des bulles.  Sur un circuit fermé manuel l'injecteur d’O2 est si petit que le gaz ne peut être entendu.  A la différence du semi fermé et les systèmes électroniques il n’y a pas de signes audibles de fonctionnement de l’appareil.  Un seul oxymètre ne serait certainement pas suffisant dans la mesure où sa défaillance laisserait le plongeur sans aucun moyen de connaître la PPO2 dans le circuit.  L’électronique et l’eau salée ne vont pas ensemble.  Le problème n’est pas de savoir si un sensor va tomber en panne mais quand il va tomber en panne.  Bien donc a t’on besoin de 2 ou 3 sensors ?  Après tout, un oxymètre est seulement un moyen de vérifier si le système fonctionne comme on l’attend. C’est là où la controverse commence.  Je prétend que deux sensors sont suffisants.  Je ne pense certainement pas que mettre trois sensors est mauvais, juste que cela n’est pas nécessaire.

Pourquoi est-ce ainsi?

Lorsque l’on plonge au recycleur, il est généralement admis que n'importe quel problème entraîne un abandon de la plongée et un passage en circuit ouvert.  C’est certainement un conseil avisé.  Mais avant que vous ne passiez en ouvert vous devriez déterminer si il y a vraiment un problème et où il est pour éviter ce problème dans l’avenir.  Il y a peu de chose q’un plongeur recycleur puisse faire pour solutionner un problème; et comme pour les circuits ouverts lorsque l’on a une défaillance de matériel le scénario est le même (c’est à dire arrêter la plongée ).   La seule différence de procédure avec un recycleur est que soit vous passez en circuit ouvert pour terminer la plongée soit vous courrez le risque de le faire en circuit fermé.  C’est là que l’usage de deux ou trois sensors et afficheurs a une incidence.  Avec trois sensors, la tendance est d’accepter les deux valeurs similaires comme étant la valeur correcte et de tenter de finir la mission.  Cela semble raisonnable, mais cette procédure peut elle être considérée comme imprudente?

Lorsque l’un des oxymètres varie par rapport aux autres, on doit d'abord trouver quel oxymètre donne la mauvaise information.  L'hypothèse avec 3 sensors est que deux doivent être d’accord pour être correctes.   Je pense que c’est seulement la nature humaine.  Il y a des pannes qui peuvent affecter deux ou trois sensors simultanément. Moi même comme d'autres, ai rencontré une multiple fausse indication de PPO2.  La réponse appropriée consiste premièrement à purger le système.  Ce faisant vous pouvez immédiatement vérifier quel sensor fonctionne par un calcul simple ( 30 m : 4 atm, diluant air donc 0.21 doit donner 0.21*4donc  aux alentours de de 0.8 atm).  Le moniteur qui ne donne pas cette valeur ne mesure pas correctement dans son spectre est celui qui est défaillant.

Mais à quel point les moniteurs doivent t’ils être proches en valeur?  Ils doivent être raisonnablement proches.  Si un sensor donne 0.05 ATA de plus ou de moins que l’autre ne me soucis guère.  Si la différence atteint 0.1 ata ou 0.2 ata je serais amené faire une purge pour revérifier.

Si le problème subsistait je serais certainement amené à terminer la plongée .

D’un autre côté, il y a un certain nombre de choses qui peuvent expliquer une différence de valeur entre les sensors.  Le placement des sensors, le degrés d’humidité, la température, l’état de la batterie autant de choses qui peuvent expliquer la différence. Bien sûr l’humidité sur un recycleur est le pire ennemi. Un fin film d’eau sur un sensor peut provoquer une indication trop faible de ce qu’il y a dans le sac. L’indication faible est causée par un film d’eau isolant le sensor du flux de gaz.  Donc le sensor consomme progressivement son O2 sous le film et provoque l’indication trop de faible  valeur de PPO2.  Le fait de mettre 3 sensors dans le circuit n’éliminera ce problème potentiel.  Sur un ccr manuel une purge permettra de vérifier la précision du sensor.  Un système de purge pourrait aussi aider à faire évaporer l’excès d’humidité.  Une indication statique sur un ou plusieurs afficheurs de PPO2 dans l’effort est généralement un indice d’humidité.  Une mauvaise interprétation d’une indication de faible PPO2 peut conduire un plongeur MCCR inexpérimenté à penser qu’il a injecté trop peu d’O2 et à commencer à en ajouter le mettant en danger d’hyperoxie.  Du fait de la nature particulière du système MCCR (ccr manuel), une purge va permettre de décider de passer en circuit ouvert ou non.

La purge du système devrait conduire un ou tous les sensors à la valeur juste. Si ce n’est pas le cas, alors il y a un suspicion d’humidité ou de défaillance de sensor; et le passage en ouvert est indispensable.  Si le sensor se stabilise et continue à baisser, une obstruction de l’injecteur peut être suspectée.  La plongée peut alors être terminée uniquement en utilisant l’ajout manuel d’O2 mais seulement si le deux sensors donnent les même valeurs.  Si ce n’est pas le cas, passez en circuit ouvert.  L’ajout d’un troisième ou d’un quatrième sensor est-il de nature d’ajouter de fiabilité au système ou plus de pannes potentielles?

La possibilité pour un sensor de donner une plus haute valeur a été évoquée par de nombreuses personnes sur la toile. La réalité de ce mode de panne n’as pas été à mon sens expliquée de façon satisfaisante, et la possibilité pour des pannes multiples de cette nature semble vraiment peu probable.  Cependant les trop hautes valeurs peuvent apparaître en l’absence de panne de cellule.  Une lecture de valeur trop haute peut provenir d’une panne de sensor, d’une panne d’électronique, une panne de système d’injection manuelle d’ O2 ou d’ une moyenne pression de l’orifice d’O2 en augmentation. Dans tous les cas on ne peut rien résoudre sous l’eau.  Un rattrapage en circuit ouvert est obligatoire pour toute suspicion de quelque panne que ce soit.  Etre capable d’établir si une panne est électronique ou mécanique décidera si vous finirez la plongée en circuit fermé ou en ccr.  Si vous êtes confronté à une alarme haute, il est important se se rappeler que les trop hautes PPO2 peuvent causer des convulsions et la mort.  Si le problème est mécanique, il serait important de vérifier cette supposition très vite.  

La vérification se fait selon le même mode que pour une alarme basse et est très simple : la purge, la lecture et le calcul.  Comme dit plus haut, valeur de PPO2 haute peut seulement avoir trois origines: la première un disfonctionnement électronique; la seconde une panne de vanne d’adition d’ O2 et la dernière une trop grande moyenne pression du détendeur d’O2.  Une panne de la valve d’ajout d’ O2 ou un problème de moyenne pression peut être vérifiée en fermant le robinet de la source d’ O2 et en purgeant le circuit pour vérifier que la PPO2 se stabilise et commence doucement à diminuer.  Selon la profondeur cela peu prendre du temps. Si en réouvrant l’oxygène la PPO2 recommence  à monter, c’est le temps de passer en circuit ouvert.  Rappelez vous qu’en circuit fermé manuel l’oxygène à métaboliser est apportée par un orifice délivrant moins d’O2 que nécessaire pour maintenir le métabolisme au repos.  Tout oxygène supplémentaire est ajouté par via la commande manuelle.  Si la purge ne réduit pas la valeur lue sur les afficheurs de PPO2 vous avez un problème de sensor ou un problème électronique et il est aussi l’heure de passer en circuit ouvert.  Encore une fois l'ajout d'un troisième ou d’un quatrième sensor apportera t'il une fiabilité supplémentaire au système ou ajoutera t’il plus de points de panne potentielles ?

J’ai essayé de faire ressortir les types de pannes rencontrées sur les circuits fermés manuels.  Le plus puissant des ordinateurs (votre cerveau) et un peu de bon sens peuvent rendre un système manuel aussi sure, si ce n’est plus sure qu’un circuit fermé électronique.  A mon avis, plus de deux sensors n’augmentera pas de façon significative à la fiabilité du système.  Au contraire, cela pourrait en fait induire un faux sentiment de sécurité car la panne de n’importe quel sensor devrait entraîner la fin de la plongée . Dans tous les cas chaque sensor doivent être indépendants et isolé des autres.  Pas de batterie commune, de câble commun, de caisson commun…….  Plus, chaque sensor devait toujours être considèrés avec une bonne dose de scepticisme.  Si à quelque moment différentes valeurs sont lues, il est important de déterminer la véritable cause  et de suivre les étapes appropriées pour ce faire.  Pendant un plongée, de fréquentes vérification de la PPO2 et des purges occasionnelles permettrons le bon fonctionnement du système.  Même en utilisant trois sensors, ne supposez jamais que deux sensors similaire sont corrects, cela pourrait vous coûter la vie.

Au delà de tout, restez calmes et utilisez méthodiquement les étapes décrites pour déterminer l’action suivante.  Rappelez vous que les toutes les pannes ne touchent pas UN SEUL SENSOR.  L’entraînement et l’expérience sont la clé de voûte de la survie sur n’importe quel type de recycleur. Avec un circuit fermé manuel comme sur un électronique le plongeur doit prendre le temps de connaître son système dans de différentes situations.

Plongez en sécurité.